C'est aussi une question qu'on me pose : comment en êtes vous venu à vous intéresser à la mémoire ? En fait, au-delà de l'aspect purement scénique (numéros de mémoire prodigieuse), il faut savoir que l'illusion s'appuie sur la mémoire.
Essayez de faire un tour de magie à un enfant de 2 ans : la plupart du temps, il ne réagira pas, tout simplement parce qu'à son âge on a très peu de références. On retourne un verre d'eau et l'eau ne tombe pas ? Et alors ? Pour l'enfant, comme tout est nouveau, alors tout est perçu comme "normal"...
Ainsi, l'illusion est comprise par le spectateur à partir du moment où il sait que c'est impossible. Son savoir, ses connaissances, ses expériences, toutes stockées dans la mémoire, lui ont appris qu'on ne pouvait pas faire disparaître un objet. Donc, lorsqu'un objet disparaît sous les yeux du spectateur, la sensation est forte car aucune donnée de sa mémoire ne l'a préparé à ça.
Ma démarche a très vite été de mieux comprendre les mécanismes de la mémoire dans la création d'une illusion : on remarquera par exemple qu'entre ce que se souvient le spectateur d'une expérience et ce qui s'est réellement passé il y a une "parenthèse d'oubli" (décrite par Ascanio), un vide, qui explique l'illusion. Un peu comme si le temps s'était arrêté, une "non perception" d'un moment clé. C'est tout l'art du "détournement et de la maîtrise de l'attention", domaine où le magicien excelle au bout de plusieurs années de pratique...